INTW: Electro, Bololipsum, 8 Bits Made In Montpellier.

Publié par Marc BASTIDE sur 11 Octobre 2017, 08:42am

Catégories : #Montpellier, #bons plans, #youpi, #Musiques électroniques, #techno, #electro, #INTW, #interview, #8 bit, #Bololipsum, #Festival ISI

Bololipsum, c'est la révélation du second soir du festival ISI, qui s'est tenu en Septembre dernier à La Salle Pétrarque de Montpellier-un excellent crû d'ailleurs! Un live electro 8 bits à la fois complètement barré, entrainant, groovy et hyper léché. Tu l'as raté? Tant pis pour toi (que te dire d'autre?). Le Zoizeau, qui, lui, y était, a été, comme la majorité du public, emporté dans l'univers très particulier et très prometteur de cet artiste montpelliérain. Il a donc décidé, pour toi et rien que pour toi ami lecteur (et puis comme ça si tu n'y étais pas, ça te fera une séance de rattrapage...) de lui poser quelques questions..

Et hop!

Quand et comment a débuté ton intérêt pour les musiques électroniques ?

C'est assez récent je dois dire...
J'ai toujours fait de la musique, j'ai commencé par des cours de solfège, de la trompette à 7ans, puis de la guitare ado.
J'ai aussi toujours étais fasciné par les machines de toutes les sortes, depuis l mes premières briques de LEGO jusqu'aux circuits électroniques que maintenant je fabrique.
Mais c'est en 2005 que j'ai découvert le circuit-bending (faire de la musique avec des jeux et des jouets électroniques court-circuités), j'étais étudiant aux aux beaux arts et j'ai commencé à expérimenter avec les sons.
Dans un premier temps je me suis plus intéressé aux sons qu'à la musique, et c'est découvrant le Game Boy (apparemment officiellement c'est un nom masculin) comme instrument de musique en 2008 -juste après mes études- que j'ai vraiment commencé à faire de la musique et par le force des choses de la musique électronique.
C'est clairement la dimension sonore voir bruitiste qui m'a tout de suite attiré. Ma culture spécifiquement musique électronique est relativement limitée et récente.
Depuis j'ai découvert pas mal de chose, mais je mentirais si je disait avoir dès le départ était influencé par tel ou tel DJ ou compositeur de musique concrète.

On qualifie souvent ton live de "8 bits", mais on y retrouve aussi beaucoup d'influences comme Rone, Underworld... Quels sont les artistes, électroniques ou non, qui t'inspirent ?

Oui 8bit, bon la Game Boy c'est forcément du 8bit. Après 8bit c'est aussi un genre, issu de la culture demo scene et plus généralement du jeux vidéo.
Enfant je n'ai jamais eu de console, je n'ai jamais étais gamer et je suis pas certain que ce que je joue colle vraiment à cet univers.
Quand je joue je me vois plus dans une grande forêt vivant en harmonie avec les sangliers que dans un univers pixelart, particulièrement technologique et/ou geek. Même si il y a clairement un titre qui à été déclencheur et une sorte de révélation pour moi, c'est 3 step de Puss.
Je comprends qu'on puisse parler de Rone, notamment pour ses envolées mélodiques et le travail qu'il a fait avec Alain Damasio, après il a ce côté très four on the floor dont je suis moins fan.
Mes influences sont beaucoup plus Hip-Hop, blaxploitation et même disco/funk. Par exemple je peux écouter en boucle du Cheryl Lynn, The Wispers, ou Chic par ce qu'il y a à la fois un côté super racoleur et une mélodie hyper mélancolique, très blues finalement.
Je suis plus du genre à bouger ma tête sur un snare à 90bpm que sur un kick.
J'aime quand ça groove, le rap a eu et a toujours une très grande influence sur ce que je fais. Et pour le coup -contrairement à ce que j'ai pu dire avant- il s'agit bien de musique électronique que j'écoute depuis mes premières cassettes (1992), c'est fait au sampler et à la boîte à rythme.
Et puis finalement le rap est très proche historiquement de la house ou de la techno de Detroit, deux musiques que je découvre depuis peu. Bizarrement, c'est par le rap et en remontant le temps en quelque sorte, que j'ai pu découvrir des artistes comme Anthony Rother (notamment le titre Mathematik) ou même Kraftwerk ! Et plus naturellement Parliament et Funkadelic, avec qui j'ai découvert ce qu'on appelle curieusement un synthétiseur.
Au delà du groove que j'adore, j'aime tout ce qui est distordu, noise et c'est ça que j'aime particulièrement avec le son Game Boy ou le circuit-bending, le son est très brute, directe, pas vraiment subtile. Ça me vient de mes années collège, j'étais tiraillé entre le rap des années 90 et la musique grunge ou métal, entre g-funk west coast et Slayer en fait.
Une personne comme Mike Patton m'influence beaucoup aussi, par ce qu'il est capable de faire un album noise sur un 4 piste à cassette comme de chanter avec un orchestre symphonique et pour les mêmes raisons Aphex Twin, évidemment...
Au milieu des années 2000, quand j'ai commencé à travailler avec le son, je me suis beaucoup intéressé à la musique expérimentale, noise et concrète, avec entre autres le travail de gens comme Pierre Schaeffer et son fameux livre Traité des objets musicaux.
À priori rien à voir avec la musique, mais le cinéma m'influence beaucoup et particulièrement les films de Werner Herzog.

Comment prépares-tu tes lives ? C'est très cadré ou y a-t-il une part d'impro ?

En live je joue mes morceaux. C'est à dire que j'ai un répertoire que je réinterprète en concert. Chaque morceau à son propre déroulé, que je peux changer à loisir, tout comme la durée.
Donc ce n'est pas de l'improvisation, il y a des parties écrites sur le Game Boy et les boites à rythmes, des paternes que je tâche d'enchaîner d'une certaine manière, qui correspond à la couleur de chaque morceaux. En fonction de mon humeur je peux moduler sur l'enchaînement de tel ou tel passage.
Ensuite il y a une autre partie, ce sont mes autres instruments, les jouets et petits synthés. Avec eux par contre il y a pas depaternes en mémoire et je suis obligé de jouer directement avec et il n'y a rien d'automatisé.
J'ai malgré tout en tête une certaine façon de jouer pour chacun d'eux et en fonction du moment dans le set, je suis pourtant libre d'improviser, et de toutes façons ces instruments sont court-circuités et donc très instable, ce serait compliqué d'essayer de refaire la même chose à chaque fois.
C'est aussi ce qui fait l’intérêt de jouer live.

Tes coups de cœur musicaux du moment ? Tes intemporels ?

Alors je suis typiquement le genre de personne qui écoute de tout (oui je sais c'est agaçant) à l’exception de l'electroswing et du metal symphonique, je me respecte un minimum...
Plus sérieusement je ne pense pas qu'il y ait de bonne et de mauvaise musique, je crois que le bon goût et la prescription culturelle c'est surtout rudement pratique pour les gens qui n'ont pas de personnalité et qui sont incapable de penser par eux-même.
En ce moment j'écoute Klô Pelgag, je suis très fan, l'ayant récemment vu en concert j'ai pu me procurer ses deux vinyles, j'adore sont univers.
Depuis peu et aussi depuis l'avoir vu en concert j'écoute Dominique A. Toujours en ce moment, ce qui tourne régulièrement dans mes oreilles c'est Ice Cube, des choses anciennes comme récentes.
J'écoute beaucoup de musique sur Internet, sur Soundcloud, beaucoup d'ambient, j'ai découvert Triangular -que j'adore- et particulièrement un E.P. que j'écoute beaucoup : Foc #32.
Dans mes intemporels et encore dans le rap, des groupes comme Dead Prez, La Rumeur et Gang Starr tiennent -pour moi- le haut du pavé. Un album fabuleux : Kollage de Bahamadia. J'ai aussi toujours aimé le blues, les vieux album de John Lee Hooker, Hound dog taylor, Stevie Ray Vaughan (que en live), Memphis Minnie, Jimi Hendrix...
J'adore MIA aussi, Fela Kuti, de trucs plus obscurs comme Ofo & the black company et un de mes artistes favoris est Curtis Mayfield...
En voiture j'écoute aussi régulièrement de la musique classique, Carll Orff, Beethoven et Wagner pour les grosses orchestrations...
J’apprécie beaucoup la musique traditionnelle, récente ou ancienne, Turgun Alimatov que j'ai découvert à l'occasion d'un voyage en Uzbekistan, fait depuis partie de mes incontournables.
Et tant d'autres...

Des projets en cours ou en perspective ?

bololipsum/

En solo je prépare mon deuxième album (T.E.E.L.F.) sur vinyle et CD, c'est un set live que j'ai travaillé en résidence cet été avec le 34 tours.

Maintenant que le set existe il va tourner un petit peu (Montpellier et Arles) avant la sortie de l'édition physique (et numérique) toujours chez Hapax (mon label).

Mangrov/

Depuis la rentrée on répète avec une batteuse, on a monté un groupe, Mangrov. On prépare un set, Delphine Bayard est à la batterie et moi, Bololipsum, toujours avec mon Game Boy qui sort directement sur un ampli basse et guitare avec quelque effets aux pieds.

C'est un tout nouveau projet, un truc que j'avais envie de faire depuis longtemps, on fait un concert crash test fin octobre à Montpellier. Le but est tourné avec ce nouveau set et de travailler sur un E.P.

bololipsum & bachcha orchestra/

Depuis un moment je travaille avec les enfants et les ados, notamment sous forme d'ateliers de création musicale. En février dernier on fait une création qui a été jouée deux fois en live avec les jeunes.

De mon côté je travaille aussi sur un concert à destination du jeune public, je pars en tournée en Inde en décembre pour cinq date de concerts et d'ateliers.

Sur place je vais certainement bosser avec des enfants sur une création collective.

bololipsum & bachcha orchestra c'est à la fois un set live solo jeune public et un répertoire de diverse créations musicales électronique avec des enfants. L'idée c'est de répéter cette expérience dans différents contextes, de proposer à la fois un set live et des temps de création sous forme d'atelier.

Le tout devra finir sur galette (à priori sur CD) chez Hapax. Une première édition, En écoutant l'écho du Big Bang est d’ailleurs en production.

m[ød·3/

m[ød·3 c'est un duo de musique électronique improvisée qu'on a monté avec Will Wire (qui a sorti son E.P. Angosto chez Hapax l'an dernier), un musicien qui travaille avec un synthé modulaire, on doit se retrouver en 2018 pour plancher sur une sortie physique, toujours chez Hapax.

Hapax/

Hapax c'est à la fois un label et un projets très personnel avec lequel j'expérimente, le but étant de faire à la fois de la micro-édition et de concevoir des outils de production DIY.

Par exemple je travaille sur une machine pour graver des microsillons. Encore au stade de prototype, cette machine me sert surtout en atelier. À terme c'est censé être une machine fonctionnelle pour produire des disques.

Dans un autre registre j'ai un side project qui mêle du live coding et du live wiring, un set qui mélange des instruments numériques codés en live et des instruments électroniques (des circuits électroniques sur breadboard) fabriqués en live aussi.

Dans le principe ça fonctionne mais pour l'instant ça se cantonne à quelque chose de très expérimentale et didactique. L'avenir nous dira si ça à sa place sur une scène, je pense que oui...